Fraîchement appelé en Équipe de France de foot en marchant, Tony RANDRIAMORA nous livre son ressenti, entre fierté, passion et humilité.
Peux-tu te présenter en quelques mots (nom, âge, poste) ?
Je m’appelle Tony RANDRIAMORA, j’ai 62 ans. J’évolue au poste d’attaquant ou de milieu de terrain.
Comment as-tu découvert le football en marchant ?
J’ai découvert le football en marchant grâce à un ami, qui est aussi l’ancien entraîneur de mon fils Hasina aux Voltigeurs. On s’est croisés lors d’un événement en dehors du foot, et il m’a parlé de cette discipline. Il m’a proposé de venir essayer avec l’équipe. J’ai fait mon premier entraînement en 2023, et depuis, je n’ai plus décroché !
Que ressens-tu à l’idée de représenter l’Équipe de France pour la Coupe du Monde ?
C’est une immense fierté, mêlée à beaucoup de joie. Quand on m’a annoncé ma première sélection, j’étais à la fois honoré et surpris. Ça s’est passé lors d’un plateau à Bourgbarre, où le capitaine de l’équipe de France +60 ans, Jacques Hamard, était présent. Nous avions terminé 2ᵉ du tournoi avec les Voltigeurs, et j’ai eu un bel échange avec lui lors de la soirée conviviale qui a suivi.
Comment as-tu appris ta sélection ? Quelle a été ta réaction ?
J’ai d’abord reçu un appel pour une pré-sélection, puis j’ai été retenu pour un tournoi international contre l’Angleterre en 2023, à Saint-Nazaire. C’était une double confrontation. Le match aller a été compliqué : défaite 2-0 et une prestation un peu en-dessous de mon niveau. Mais lors du match retour, le même jour, j’ai marqué le but de l’égalisation à la fin du match (3-3). C’était la première fois que la France faisait match nul contre l’Angleterre.
C’est à ce moment-là que ma sélection a été confirmée. J’ai ressenti énormément de fierté et de bonheur.
Quel a été ton parcours footballistique avant d’intégrer le foot en marchant ?
À Madagascar, j’ai évolué en Ligue A, l’équivalent du CFA2 en France. J’ai remporté la Coupe de Tananarive, été demi-finaliste de la Coupe de Madagascar et champion du Critérium National Universitaire.
En France, j’ai joué en équipes vétérans à Saint-Doulchard (Bourges), à La Chapelle-sur-Erdre, puis en seniors D aux Voltigeurs. J’ai aussi joué à Erbray, Saint-Aubin-des-Châteaux et Soudan.
Aujourd’hui, je suis vétéran aux Jeunes d’Erbray.
Qu’est-ce qui te plaît dans cette discipline ?
Le foot en marchant, c’est un vrai mélange entre plaisir, santé et tactique. Il n’y a pas de contacts, donc pas d’agressivité. Le jeu est beaucoup plus basé sur la technique, la précision des passes, le placement et les déplacements. Le ballon doit rester au sol (maximum 1,80 m), et il n’y a pas de jeu de tête, ce qui évite les traumatismes.
On ne peut pas tacler, il faut subtiliser le ballon sans contact, dans le champ visuel de l’adversaire. J’aime aussi l’esprit de convivialité, la bienveillance et l’entretien physique et mental que cela apporte.
C’est une discipline inclusive, parfaite pour les personnes avec des problèmes cardio, physiques ou psychologiques… ou simplement pour ceux qui n’aiment pas l’agressivité dans le foot.
Comment se prépare l’équipe pour cette compétition ?
Il y a eu deux grands regroupements pour affiner la sélection : on est passés de 23 joueurs présélectionnés à un groupe élargi de 15. Finalement, 12 joueurs seront retenus pour la Coupe du Monde, avec 3 remplaçants.
En parallèle, chacun continue de s’entraîner dans son club une fois par semaine. Pour ma part, j’alterne entre les Voltigeurs à Châteaubriant et des sessions à Angers depuis janvier 2025.
Quels sont les objectifs de l’Équipe de France pour cette Coupe du Monde ?
L’objectif est clair : gagner la Coupe du Monde 2025. On veut réussir à battre l’Angleterre, l’Italie et l’Irlande, trois très bonnes nations.
Lors du dernier tournoi international à Rome, en mars, on a terminé 2ᵉ sur 8. On a battu l’Angleterre pour la première fois (2-1), ce qui est très encourageant. On a perdu contre l’Italie et l’Irlande, mais le système de pénalité (5 fautes collectives = 1 penalty) nous a beaucoup appris.
J’ai joué les trois matchs contre ces trois nations, et j’espère qu’on saura faire mieux à Alicante, en Espagne, du 29 octobre au 2 novembre 2025.
L’équipe progresse beaucoup, on joue un football très collectif et agréable à regarder.
Que représente pour toi le fait de représenter les Voltigeurs dans cette aventure ?
C’est une grande fierté. Je suis fier de représenter les Voltigeurs, Châteaubriant, et toutes les communes environnantes. Ce club m’a beaucoup apporté.
Quel message aimerais-tu adresser aux supporters et aux jeunes du club ?
Je les invite à découvrir cette discipline. Le foot en marchant, c’est bien plus qu’un sport : c’est une belle manière de rester en forme, de jouer au foot sans contact, et de se faire plaisir, quel que soit son âge ou ses capacités.
La FFF va bientôt prendre le relais de l’AFFM (Association Française de Football en Marchant), ce qui montre que la discipline grandit.
On dit qu’une heure de foot en marchant équivaut à 5 heures d’espérance de vie gagnées… c’est un message fort !
Et puis j’espère pouvoir représenter dignement le club.
Merci aux Voltigeurs pour tout ce que vous m’avez apporté depuis mon arrivée, il y a 13 ans. C’est ma dernière aventure sportive, et j’en suis profondément reconnaissant.
J’invite tout le monde à découvrir le football en marchant, quel que soit son handicap – cardiovasculaire, physique ou mental. C’est une discipline inclusive, élégante, et profondément humaine. Elle incarne l’esprit du fair-play et la beauté du sport qui rassemble. La Fédération Française de Football va bientôt ouvrir des licences accessibles de 14 à plus de 70 ans : c’est le moment d’oser se lancer.
Tony RANDRIAMORA en bas à droite
Passion, Fierté, Humilité